Le pouvoir des
animaux
L'Histoire
Seuls les animaux sont en mesure, aujourd’hui, de sauver l’humanité. C’est la certitude de Wendy, jeune biologiste qui vit avec un chat surdoué, une chienne d’avalanche, un perroquet amoureux et un cheval thérapeute. Mais, surtout, elle consacre son temps au plus grand mystère de la nature : le tardigrade, une créature d’un millimètre, indestructible et quasi immortelle, dont une protéine pourrait triompher des pires maladies humaines.
Frank, lui, explorateur des glaces et généticien, s’efforce de réintroduire le mammouth en Sibérie pour empêcher la plus grave des catastrophes : le dégel du sol qui libérerait des milliards de tonnes de méthane et de gaz carbonique.
Et si la survie de la planète dépendait de l’union de ces deux passionnés que tout oppose ? Inspirée de faits réels, une époustouflante aventure animale et humaine.
Biographie
Didier van Cauwelaert
Romancier, auteur dramatique, scénariste, librettiste, Didier van Cauwelaert cumule depuis ses débuts prix littéraires et succès publics. Souvent qualifié « d’écrivain de la reconstruction », il est l’un des rares romanciers à avoir été adapté au cinéma à Hollywood. Traduit dans une trentaine de langues, il a publié plus de quarante livres, qui ont dépassé les six millions d’exemplaires.
Imagination ou réalité ?
Si les personnages principaux de ce roman sont nés de mon imagination, leurs découvertes et leurs objectifs, aussi incroyables qu’ils paraissent, sont issus de la réalité.
Les extraordinaires propriétés du tardigrade, en particulier la protéine DSUP qui lui permet de réparer son ADN, ont été mises en évidence notamment par les chercheurs japonais Hashimoto et Horikawa, à partir de 2006. Les études les plus récentes, comme celle de Marina Minguez-Toral en août 2020 dans Scientific Reports, ouvrent des pistes prometteuses pour l’utilisation médicale de cette protéine chez l’être humain, afin de lutter contre les effets du cancer ou de la maladie d’Alzheimer.
Concernant le projet de clonage du mammouth laineux, la compétition reste ouverte à l’heure actuelle – notamment entre les équipes universitaires d’Harvard (Pr George Church) et de Kyoto (Pr Akira Iritani).
Si le mammouth revenait sur Terre, il serait réintroduit en priorité en Sibérie, au Pleistocene Park, où les chercheurs Sergueï et Nikita Zimov s’efforcent de reconstituer l’écosystème de l’Âge de Glace. Les grands animaux qu’ils ont déjà réintroduits dans ces forêts désertes ont réussi, en remuant la couche de neige isolante, à refroidir le sol de 19°. C’est le seul moyen de lutter contre le dégel du permafrost, catastrophe majeure qui, libérant des milliards de tonnes de gaz carbonique, de méthane et de virus oubliés, menacerait gravement la vie sur Terre dans les décennies à venir.
La genèse du livre
Qu’est-ce qui fait naître un roman ? Chez moi, c’est souvent une émotion ancienne réveillée par une plus récente. C’est la nécessité soudaine de les réunir pour ne pas laisser perdre l’énergie qu’elles réclament, le message qu’elles contiennent…
En 1996, dans un reportage publié par Match, je tombe sur une créature de 130 000 ans découverte par hasard au Groenland, à 200 mètres de profondeur. L’explorateur Janot Lamberton a remonté à la surface un prélèvement de glace qui, en fondant, libère un petit animal. Et voilà que celui-ci, tout à coup, se met à remuer les pattes ! C’est un tardigrade, une espèce qui a trouvé le secret de l’immortalité : dès que l’environnement lui devient hostile, il se déshydrate à 99 % et rétablit ses fonctions biologiques quand ça va mieux. Il peut survivre à tout : les températures extrêmes, les pressions les plus fortes, l’absence d’oxygène, les produits toxiques, les radiations mortelles, le vide spatial… Certains scientifiques pensent qu’il est arrivé sur Terre dans une météorite, voilà des centaines de millions d’années.
Aussitôt, je me dis que cet animal est un formidable personnage de roman, si je lui donne la parole. Imaginez son point de vue sur les millénaires qu’il a traversés, sur notre époque, sur les mentalités humaines qu’il découvre, sur les bienfaits qu’il pourrait apporter à ses nouveaux contemporains… Car des recherches laissent entendre que la protéine « magique » qui le rend invulnérable est transmissible à l’être humain.
Le roman se met en place, mais il me manque quelque chose. La nécessité profonde de lui donner vie en l’état. Un élément me fait défaut, je ne sais pas lequel. Et, durant près de vingt-cinq ans, tandis qu’une vingtaine de romans et d’essais m’entraînent dans leur urgence, mon tardigrade sommeille en se rappelant ponctuellement à mon bon souvenir, par une situation de fiction ou la publication d’une nouvelle étude sur ses pouvoirs. Je prends alors quelques notes que je glisse dans la chemise cartonnée qui porte son nom, pour plus tard, pour un jour… ou pas. Il sera l’un de mes compagnons de route, pendant toutes ces années, un de ces nombreux personnages sans domicile fixe qui attendent que je leur construise une maison – mais je ne peux pas ouvrir tous les chantiers à la fois…
Et puis, en juillet 2020, une amie lectrice me dit que je devrais m’intéresser aux Zimov (« C’est un sujet pour toi… ») . Ce nom inconnu tapé dans une case de recherche me conduit sur Next, où je découvre un reportage de Clément Montfort sur L’hypothèse Zimov, le film que réalise Denis Sneguirev sur le Pleistocene Park. Il s’agit d’une zone de recherche en Sibérie, où les scientifiques Serguei et Nikita Zimov s’efforcent, depuis vingt ans, de réintroduire les animaux qui la peuplaient à l’Âge de Glace. Bisons, chevaux sauvages, bœufs musqués ont déjà réussi à refroidir considérablement le sol, mais tout irait beaucoup plus vite avec la puissance inégalée de l’ancien roi de la steppe : le mammouth laineux. D’où le projet fou, mais très avancé, de le réintroduire sur Terre par clonage, à partir de l’ADN retrouvé dans de nombreuses dépouilles congelées…
« Déséteindre » le mammouth pour sauver la planète ! Un déclic se produit lorsque je lis les déclarations d’un des artisans du projet, le Pr George Church, de l’université d’Harvard. Tout à coup, le roman que je ne parvenais pas à écrire se met à naître, à prendre la forme d’un livre à deux voix. Ce qui manquait à mon tardigrade immortel, c’est un partenaire disparu qu’on s’efforce de ramener à la vie. Deux intelligences animales, aux antipodes l’une de l’autre, pourront alors confronter leur sensibilité, leurs pouvoirs, leurs regards sur les humains… Et une grande histoire de rivalité et d’amour s’ensuivra entre Wendy, la jeune biologiste spécialiste du tardigrade, et Frank, le généticien qui s’efforce de cloner le mammouth.
Voilà quelle a été la genèse du Pouvoir des animaux. Maintenant que le livre est paru, qu’il m’échappe pour vivre sa vie dans le cœur et l’esprit du public, j’ai hâte d’en mesurer les conséquences. Souvent, mon imaginaire s’inspire d’une réalité méconnue qui, ensuite se nourrit de mes romans, à travers les recherches que ceux-ci déclenchent auprès de lectrices et lecteurs scientifiques, humanitaires, juristes… C’est arrivé, entre autres, pour la communication entre les végétaux et les humains avec Le journal intime d’un arbre en 2011, bien avant que ce soit à la mode. Ce fut le cas, avec Double identité, pour la défense des peuples amazoniens contre l’industrie cosmétique qui leur confisque leurs plantes médicinales. Et pour les chiens détecteurs d’épilepsie ou de Covid 19 dans Jules, Le retour de Jules, L’inconnue du 17 mars…
Alors, si ce nouveau roman contribue à stimuler les travaux en cours sur les fabuleux pouvoirs du tardigrade appliqués à la santé humaine, et à développer des solutions hallucinantes mais efficaces pour permettre aux animaux de sauver notre planète, je serai le plus heureux des auteurs…